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Economie et développement: Repenser et mettre en place un nouveau modèle économique

Le rôle du secteur privé est déterminant. Il doit se positionner comme un partenaire stratégique, loin de toute tendance monopolistique ou encore emprise économique. L’objectif le plus important étant de pouvoir créer suffisamment de marge budgétaire pour se protéger contre les crises de plus en plus fréquentes de l’approvisionnement et la flambée spectaculaire des prix des produits, notamment de base. En plus clair, s’assurer une sécurité alimentaire durable.


La Tunisie vit, depuis quelques années, dans «l’urgence économique», avec des fondamentaux totalement fragilisés et des perspectives de croissance marquant toujours le pas. Certains parlent même d’un «risque imminent d’effondrement économique surtout avec des déséquilibres macroéconomiques significatifs, un taux de chômage de masse à son plus haut niveau, une inflation qui a avoisiné des seuils inédits, un taux d’endettement désormais à haut risque, et des inégalités sociales et régionales de plus en plus profondes».

Ce constat est plutôt prévisible si l’on tient compte du fait que depuis le soulèvement des Tunisiens, l’appareil productif a été mis au ralenti, les investissements aussi bien locaux qu’étrangers sont presque à l’arrêt, les réformes structurelles en attente, alors que le financement du développement a été « provisoirement gelé ». Autant de difficultés qu’on peut attribuer à un modèle économique peu résilient, statique, essoufflé, ayant atteint depuis longtemps ses limites.

Un essoufflement que « justifie une croissance timide reposant en grande partie sur la consommation et un secteur public souvent démesuré », relève un rapport de la Banque mondiale.

Comment s’assurer une sécurité alimentaire durable ?

Ce modèle vieux de plus de 4 décennies a épuisé ses atouts et fini par conduire à la fragilité de l’économie nationale et à l’érosion de toute compétitivité. Il est devenu même «un facteur de blocage économique».

Cette situation critique impose aujourd’hui aux décideurs l’urgence de repenser et même de concevoir un nouveau modèle mieux adapté aux nouvelles exigences et de le mettre en place. Il est question d’une transformation économique globale allant au-delà des simples réformes. Ce modèle performant devra être en mesure de garantir une croissance durable tirée exclusivement par la productivité, l’exportation et l’investissement.

A ce stade, le rôle du secteur privé est déterminant. Il doit se positionner comme un partenaire stratégique, loin de toute tendance monopolistique ou encore emprise économique. L’objectif le plus important étant de pouvoir créer suffisamment de marges budgétaires pour se protéger contre les crises de plus en plus fréquentes de l’approvisionnement et de la flambée spectaculaire des prix des produits, notamment de base. En plus clair, s’assurer une sécurité alimentaire durable.

L’enjeu de la digitalisation

La transition vers ce nouveau système de développement économique doit répondre d’abord à certains enjeux stratégiques, entre autres l’énergétique et l’écologique. Mais c’est surtout le pari de la digitalisation qui devrait être placé en pole position.

La digitalisation n’est pas comme le définit une étude de la fondation allemande Friedrich Ebert Stieftung, «une fin en soi, elle est plutôt une réponse et un outil incontournable au service de tous les enjeux globaux de développement. Elle est un facteur indispensable à la bonne gouvernance, à la compétitivité et à l’optimalisation de toute activité économique».

Des enjeux donc sensibles et face auxquels le modèle actuel se retrouve malheureusement impuissant, car il reste, pointent les experts «totalement dépendant de l’économie linéaire qui consiste à extraire, fabriquer, consommer puis jeter». Or, la performance économique repose désormais sur «la production de biens et services durables et surtout la préservation et la valorisation de nos ressources». Ce que les spécialistes appellent «l’économie circulaire».

Pour un référentiel métier-compétences

Cette économie repose totalement sur les actions de soutenabilité et d’inclusion, ce qui conduit à l’élargissement de sa capacité de résilience face aux chocs, pour s’inscrire ainsi dans une logique de performance globale et surtout durable.

La maîtrise de ces nouveaux paramètres nécessite cependant une bonne dose de savoir et de connaissances, c’est-à-dire un capital humain de haute qualification, ce qui donne toute son importance à la modernisation de notre système éducatif, notamment au niveau de l’enseignement supérieur. Il s’agit là de professionnaliser l’enseignement et de garantir une formation en fonction de la demande. Car, comme on a tendance à le rappeler «l’essentiel n’est pas de produire plus mais plutôt intelligemment». C’est-à-dire mettre en place un référentiel «métier-compétences».

En somme, l’adoption d’un nouveau modèle de développement est d’autant plus avantageuse qu’elle crée un niveau d’attractivité très élevé, notamment en termes de financement.

Comprendre que l’engagement de cette nouvelle approche constitue, en elle-même, une garantie de taille pour les décideurs financiers internationaux, le FMI, entre autres.

Ce qui donne plus de légitimité à cette transition, c’est que notre pays dispose d’avantages préférentiels, mais il se retrouve toujours en mal de valorisation.

Robert Blotevogel, alors représentant résident du FMI en Tunisie, disait il y a quelques années, que «notre pays possède un potentiel considérable qui ne demande qu’à être libéré. Et si cela se finalise, la transition économique tant attendue prendra corps». Le temps est peut-être venu.

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